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Le Sourire, revue parisienne qui mêlait habilement humour et érotisme pendant l’entre-deux guerres.
Photo : Georges Leonnec
La pédagogie de l’autre
La lecture régulière d’un mensuel masculin permet de mieux comprendre les femmes

Le résultat d’une étude dont Scientists of America vous offre la primeur est clair : dans la tranche des 18 à 45 ans, les hommes qui lisent les magazines masculins sont, à plus de 80%, nettement favorisés dans leur compréhension des femmes. L’évaluation a été réalisée en laboratoire dans des conditions très strictes. Comparés au lectorat des magazines automobiles (56%), des magazines informatiques (23%) et des revues culturelles (38%), les lecteurs de la presse masculine semblent mieux appréhender la psyché féminine et ont plus de succès avec les femmes. Invités à deviner, sans voir leur visage, les goûts de femmes qu’ils ne connaissent pas, ce sont bien les lecteurs des magazines masculins qui s’en sont le mieux tirés. À l’issue de cet exercice et d’un jeu de questions-réponses visant à établir le contact, les femmes engagées dans l’expérience étaient invitées à désigner les hommes qui leur semblaient les plus séduisants. Sans surprise, ce sont également les lecteurs de magazines masculins qui ont remporté 72% des suffrages ! Un chiffre aussi favorable peut surprendre lorsqu’on connait cette presse, constituée pour l’essentiel de photographies de filles assez peu vêtues, d’articles sur des gadgets high-tech et d’histoires drôles mettant en scènes des femmes blondes.
Pourtant, le résultat est là et il convient de faire le point sur le sujet.

Les magazines féminins existent depuis le début du XIXe siècle. Ils ont peu à peu engendré une culture féminine à part entière. À la fin des années 1960, le phénomène touche toutes les couches sociales et se mondialise. Le champ des sujets abordés s’élargit jusqu’à offrir des réponses pragmatiques à des questions que l’on n’était pas censé évoquer : le plaisir sexuel, le divorce, la ménopause, etc. Briser ces tabous a eu pour effet de libérer progressivement les femmes de la position subalterne où elles étaient cantonnées.
Mais ces magazines souffrent de nombreux défauts : ils standardisent l’image de la femme, ne lui proposent comme manière de s’affirmer que le refuge de la consommation, et transforment par ailleurs l’homme en un simple outil qui n’est plus là que pour assumer des fonctions de procréation, de bien-être matériel et de soutien affectif. Un important institut de sociologie a compilé une année complète des principaux magazines féminins afin d’évaluer la qualité et le volume de l’apparition des hommes dans ces publications. Il en ressort qu’en moyenne, les apparitions masculines ne représentent que 2% des contenus (rédactionnel et publicité confondus) ! Ces figures masculines se répartissent en cinq groupes : grands chefs cuisiniers à 43%, acteurs ou chanteurs célèbres à 32%, créateurs de mode à 5%, hommes politiques à 1% et, pour le reste, des hommes-objets qui exhibent leurs pectoraux afin de vanter les qualités d’un quelconque produit. Rien à voir avec un interlocuteur complice apprécié et respecté pour lui-même !
Cette identité féminine créée par les magazines est souvent une prison pour les femmes elles-mêmes, puisqu’elles s’y font dicter leurs envies, les modalités de leurs amours, leurs idées, mais aussi un vocabulaire et des préoccupations qui, entre autres, les éloignent de leur partenaire biologique naturel, l’homme.

Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, la presse féminine s’est trouvée un pendant : une presse "réservée aux hommes" dont le but principal est de stimuler la libido de ses lecteurs, perpétuant par ses archétypes (femme-objet écervelée et sexy ou marâtre aussi laide qu’ennuyeuse) une vision condescendante de la féminité . De ces revues, depuis « La vie Parisienne » (1863) jusqu’ à « Penthouse » un siècle plus tard, se dessine en filigrane une exécration de la vie de couple, présentée comme une prison pour l’homme. Elles ont en commun avec les magazines féminins une négation de l’identité véritable de « l’autre ».

C’est dans ce contexte de guerre des sexes que sont nés, au milieu des années 1990, les magazines dits "masculins", comme For Him Magazine ou Men’s Health. Prenant le contre-pied de la presse de charme, dont ils récupèrent au passage une partie du lectorat, ces journaux offrent à l’homme un nouveau point de vue sur la femme. Bien entendu, la beauté y reste magnifiée et les sujets traditionnellement imposées aux hommes (automobile, technologie) figurent en bonne place mais le lecteur attentif percevra des préoccupations nouvelles et un regard différent sur la feminité.

Tout d’abord, l’homme est invité à faire quelques efforts de présentation : il doit prendre soin de son apparence, renvoyant la politesse aux femmes qui s’emploient à cette même activité « depuis le néolithique au moins » comme l’estime une connaissance du paléontologue Yves Coppens, l’inventeur de "Lucy", une hominidée que l’on qualifie souvent abusivement (surtout si l’on considère son physique peu avantageux) de "première femme de l’histoire de l’humanité". Cette préoccupation rétablit un certain équilibre et réjouit les associations féministes : « Pour la première fois, l’homme n’est plus à prendre ou à laisser, et sa valeur peut se mesurer autrement qu’en termes de possessions matérielles et financières », explique Édith Crégnier de la FFFLE qui rappelle au passage que, comme le disait Platon, « Le respect de l’autre passe par le respect de soi-même ».

...Les hommes ne se prennent plus la tête...
Mais ce n’est pas tout. Ces magazines font une bonne place à l’humour, notamment par le biais d’articles au ton décalé, qui offrent à leurs lecteurs l’esprit et la fantaisie qui leur font souvent défaut. Or, l’humour serait le premier attribut de séduction masculine, si l’on se réfère à l’étude que la Peer Review a consacré à ce sujet.
Christine Castelain-Meunier, Sociologue au CNRS, s’est penchée sur le sujet et se réjouit de la dimension légère des revues masculines : « Il n’y a aucune dimension revendicative. Les sujets dont il est question sont toujours très futiles (...) Il y a beaucoup de recettes pour que ça se passe bien avec les filles, des tests de personnalité pour aider les hommes à s’en sortir. Ça se réfère toujours à l’immédiateté, alors que dans la presse féminine il y a toujours une projection dans le futur. » Ce qui, si on devait le traduire en gros titre d’un magazine féminin, donnerait : « Enfin ! Les hommes ne se prennent plus la tête ».

Par ailleurs, les magazines masculins modernes donnent la parole aux femmes, et notamment à celles dont le discours, si ce n’est l’existence même, sont cruellement occultés par la presse féminine : actrices de cinéma "adulte", strip-teaseuses, mais aussi femmes "ordinaires", qui s’expriment ici en parfaite liberté, sans la moindre angoisse vis-à-vis d’une respectabilité, d’une normalité, d’un "féministement correct" aussi artificiel qu’aliénant. « La femme des magazines pour hommes évoque les vraies questions de la vie de couple et n’hésite parfois pas à se montrer nue, sans ces artifices sociaux que sont les vêtements ou les bijoux » explique Édith Crégnier.
Tout ceci est nettement symbolisé par l’omniprésence dans cette presse de l’actrice Clara Morgane, acceptée par la rédaction de FHM tant pour ses qualités plastiques (elle y pose régulièrement) qu’intellectuelles (puisqu’elle y tient une chronique). Or cette jeune femme, que la quasi-totalité des hommes apprécie, est totalement méconnue des femmes, au point qu’un sondage récent établissait que seules 17% d’entre elles avaient déjà entendu son nom. Et pour cause : malgré de multiples talents (actrice, femme d’affaires, musicienne, journaliste, créatrice de lingerie...) qui pourraient faire d’elle un modèle de réussite pour chaque femme, Clara Morgane n’a jamais eu l’honneur d’une couverture ni même d’une interview dans la presse féminine !

Pour E. Zemmour, auteur de l’ouvrage polémique « Le premier sexe », les choses ne sont pas si simples, la presse masculine peut aussi se mettre au service d’une certaine duplicité, ainsi qu’il en a lui-même fait l’expérience : « Quand j’achète FHM, je me contente de lire les conseils de drague, qui fonctionnent bien. Le reste participe d’un vaste mouvement d’émasculation de la société, ne comptez pas sur moi pour me prêter au jeu ». C’est aussi l’avis d’A. Soral, un autre spécialiste : « C’est une pâle copie de mon excellent livre "Vers la féminisation ?". Et on laisse faire, la presse est muette sur ce vol éhonté, c’est la loi de l’Omerta », aurait-il dit à un quelqu’un. Amusée, une personne de l’entourage élargi d’Élisabeth Badinter rappelle que, de son propre aveu, Éric Zemmour est un séducteur notoirement médiocre. « Zemmour le gender-philosopher, pas Zemmour le coiffeur » précise-t-elle avant d’ajouter que « l’homme et la femme doivent être complémentaires et complices, chacun avec ses qualités propres, car s’il est vrai que les hommes viennent de Mars et que les femmes viennent de Vénus, leur collaboration est possible et même souhaitable ». Un but que poursuivent activement, à leur niveau, les magazines masculins.


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Regis G. Curge
enseignant au Masachussets Institute of Theology (MIT), il a publié un certain nombres d’ouvrages couvrant des domaines divers. Il vit à Chicago avec son épouse Linda, ses trois enfants Pamela, Pym et Pouneh. Il a un chat, Tiger.


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